En 1864, un dizain inédit de Chénier est paru dans une revue, le voici.
Proserpine1 incertaine......
Sur sa victime encor suspendait ses ciseaux,
Et le fer, respectant ses longues tresses blondes,
Ne l’avait pas vouée aux infernales ondes2.
5 Iris3, du haut des cieux, sur ses ailes de feu,
Descend vers Proserpine : « Oui, qu’à l’infernal dieu4
Didon5 soit immolée ; emporte enfin ta proie… »
Elle dit ; sous le fer soudain le crin6 mortel
Tombe ; son œil se ferme au sommeil éternel,
10 Et son souffle s’envole à travers les nuages.
Sujet
Ce poème, présent encore aujourd'hui dans certaines éditions des œuvres de Chénier, est cependant un pastiche, c’est-à-dire une imitation, qui fut révélée en 1923. Comment ce poème a-t-il pu faire illusion et passer pour un poème d'André Chénier ? Sous la forme d’une étude linéaire, vous allez montrer en quoi ce poème est fidèle à l’écriture poétique de Chénier.
1. Proserpine : fille de Cérès et de Jupiter qui malgré son enlèvement par Pluton et son statut de Reine des Enfers, est aussi une déesse du printemps.
2. Infernales ondes : fleuves des Enfers.
3. Iris : pendant féminin du dieu Hermès représentée avec des ailes et un caducée (baguette entourée de deux serpents) ; elle conduit les âmes aux Enfers et sert de messagère aux dieux.
4. Infernal dieu : Hadès-Pluton, dieu des Enfers.
5. Didon : reine légendaire de Carthage dont la passion pour le héros troyen Énée est narrée dans l'épopée L'Énéide du poète latin Virgile.
6. Le crin : les cheveux.
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